Les armoiries apparaissent vers la première moitié du XIIe siècle. À cette époque, les chevaliers sont protégés lors des combats par une armure qui recouvre entièrement leur corps et portent sur la tête un heaume qui masque leur visage. Il leur est donc impossible, dans la mesure où ils ne portent pas d’uniforme, de se reconnaître sur le champ de bataille. Les chevaliers vont peindre sur leurs écus (boucliers) des figures géométriques ou animales de couleurs vives (car elles doivent être visibles de loin) qui représenteront leur signe de distinction, que l’on appelle les blasons.
Le blason, comme le nom, étant une manière de désigner une personne, il est donc tout naturel de le retrouver sur l’objet qui au Moyen Âge remplace la signature : le sceau (qui est une sorte de signature en image).
En France, jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, l’usage des armoiries est libre. Contrairement aux idées reçues, les armoiries n’ont jamais été réservées aux nobles. Toute personne a le droit d’adopter les armoiries de son choix à la condition exclusive de ne pas copier ou adopter celles d’un autre. Chaque blason doit être unique.
Dès le XIIe siècle, les hérauts d’armes, qui sont à l’origine des messagers, deviennent avec le développement des tournois, de véritables spécialistes des armoiries. Ce sont eux qui organisent les combats, identifient les chevaliers grâce à leurs écus, commentent les joutes et relatent les faits d’armes des participants. Ils contrôlent, recensent les blasons et veillent au respect des règles héraldiques. Ils reproduisent les blasons appartenant à des personnes, à des villes, à des communautés dans un recueil que l’on appelle un armorial.
Les armoiries vont être supprimées sous la Révolution, les révolutionnaires voyant en elles des signes de féodalité et des marques de noblesse.
Depuis 1815, l’usage des blasons est à nouveau libre et relève du domaine privé. Toute personne peut créer ses armoiries. Les villes possèdent également leur blason que l’on retrouve parfois sur les plaques des rues ou les outils de communication.
L’héraldique est une science auxiliaire de l’histoire, elle étudie les armoiries. C’est la science des blasons.
L’héraldique permet aussi de comprendre les règles de composition et de diffusion des armoiries.
Les couleurs et les figures qui apparaissent sur les armoiries sont des signes distinctifs qui permettent de reconnaître chaque personne, par un caractère moral ou physique, la représentation de son métier, etc. La disposition de ces éléments de reconnaissances suit des règles de composition très codifiées.
À la forme la plus simple du blason composé d’une seule couleur (on dit alors qu’il est plain), s’ajoute un ensemble de divisions qui partagent l’écu par des lignes verticales, horizontales ou diagonales.
Plain
Parti
Coupé
Taillé
Tranché
Ces divisions simples peuvent être combinées entre elles.
Parti
Coupé
Écartelé en croix
Taillé
Tranché
Écartelé en sautoir
Écartelé en croix
Écartelé en sautoir
Gironné
Aux partitions s’ajoutent dix pièces honorables, formes géométriques simples qui se superposent sur l’écu et qui rappellent les renforts du bouclier.
Chef
Fasce
Pal
Bande
Barre
Croix
Sautoir
Chevron
Franc-quartier
Bordure
Les "meubles" (figures géométriques, animales, florales, humaines, objets) sont, au même titre que les partitions, des signes distinctifs. Les animaux, tels que le lion, l’aigle ou le léopard, figures héraldiques par excellence, apparaissent dès l’origine des blasons. Lorsque l’usage du blason se généralise, les types de figures se diversifient et leur répertoire devient illimité (astres, pièces d’armement, éléments architecturaux, outils d’artisans, etc.).
Acte d'enregistrement d'armoiries d'Adrien Payen
Acte d'enregistrement d'armoiries de François-Albert de la Motte
Dès l’origine du blason, on ne dispose que d’un choix très restreint de couleurs, qui doivent être franches, facilement reconnaissables et visibles de loin.
Il existe 5 couleurs :
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Et deux métaux :
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Les couleurs et les métaux sont désignés sous le terme générique d’émaux.
Pour créer son blason, il faut respecter une règle fondamentale: l’alternance des couleurs.
On ne peut pas juxtaposer ou superposer 2 émaux de la même catégorie. C'est-à-dire : pas de couleur sur couleur ni de métal sur métal.
Cette règle existe dès l’apparition des armoiries et répond à une exigence de visibilité. L’écu doit être vu de loin et les couleurs ne doivent pas être confondues. On appelle armes à enquerre les blasons qui ne respectent pas le principe de l’alternance des couleurs. Mais les exemples sont peu nombreux car cette règle est suivie très scrupuleusement.
Lorsqu’elles sont dessinées sur des documents ou des monuments qui ne permettent pas l’utilisation de la couleur, les couleurs des armoiries sont représentées par un système utilisant des hachures et des pointillés qui apparaît au XVIe siècle.
Le gueule par des lignes verticales.
L’azur est représenté par des lignes horizontales.
Le pourpre par des lignes diagonales allant de senestre à dextre (de gauche à droite).
Le sinople par des lignes diagonales allant de dextre à senestre (de droite à gauche).
Le sable par des lignes horizontales posées sur des lignes verticales.
L’or est représenté par des pointillés.
L’argent est représenté par l’absence de traits.
Aux couleurs et aux métaux, s’ajoutent les fourrures : Le vair et l’hermine qui rappellent qu’au XIIe siècle, certains guerriers en recouvraient leur écu pour les protéger ou les décorer.
Vair et contre-vair
Hermine et contre-hermine.
La règle d’alternance des couleurs ne s’applique pas aux fourrures qui peuvent parfaitement être juxtaposées ou superposées :
Les fourrures peuvent se combiner et se placent sans distinction sur les émaux.
La description des armoiries s’appelle le blasonnement. Un blason est composé de plusieurs éléments superposés qui doivent être décrits dans un ordre précis, c’est la syntaxe du blasonnement.
Pour décrire un blason, on commence par le fond de l’écu que l’on nomme le champ.
Si le blason ne comporte ni partition, ni figure il est dit plain
Ce blason est dit "de gueules plain". C’est le blason de la ville de Douai.
Si le blason comporte une figure (pièce honorable ou meuble) on énonce d’abord le champ puis les figures.
Ainsi, le blason de Gauchin-Verloingt est dit "de sinople à la bande d’argent"
Le blason de Humeroeuille est dit "d’argent au lion de gueules"
Si une pièce honorable comporte un meuble, on dit qu’elle est chargée.
Pour décrire le blason de Dainville, on dira : "D’azur à la fasce d’argent chargée de trois coquilles de gueules"
Si l’écu est divisé en partitions, on décrit chaque partie.
Parti d’or et de sable.
Écartelé en croix d’or et de sable.
Même s’il doit être personnel et unique, le blason a néanmoins adopté un caractère héréditaire à partir du règne de Saint-Louis. Ce n’est qu’au XIVe siècle que les armoiries sont des emblèmes familiaux à part entière. Elles se transmettent de génération en génération. Dans une famille, la règle veut que les enfants reprennent les armes familiales en les agrémentant de modifications que l’on nomme brisures.
Selon la règle héraldique, seul le chef de famille peut porter les armes pleines de la famille ou du lignage. Les enfants doivent les briser, c’est-à-dire y ajouter un élément pour se différencier. Il peut s’agir d’un ajout de partition, de figures ou d’un changement de couleur.
Ce blason pourrait être brisé en ajoutant des meubles par exemple.
Un blason peut également être formé en assemblant les armoiries de deux familles. On parle alors d’armes composées.
Exemple d’armes composées : le blason central est composé de la réunion de deux blasons différents
Le blason étant étroitement lié à l’identité, il peut comporter des éléments qui rappellent le nom de son possesseur.
Cela peut se faire de manière directe : dans cet exemple, Thomas Robert Maillet a choisi le maillet (petit marteau) comme meuble dans son blason.
Les armes peuvent également être parlantes par homonymie. Par exemple les armes de la ville de Bapaume, "d’azur à trois main appaumées d’argent" sont liées à l’étymologie du nom Bapaume (paume de la main). Selon une légende, les habitants applaudissaient chaque fois qu’un voyageur quittait indemne la forêt d’Arrouaise, véritable repaire de brigands.
De la même manière, la ville de Pommier, qui tire son nom du latin pomarium , verger, a repris dans ses armoiries un pommier symbole. Les blasons, en chef, sont les armes des deux familles qui furent successivement les premiers seigneurs.
Aujourd’hui, même si l’usage des blasons personnels devient de moins en moins fréquent, ils n’ont pas totalement disparu et peuvent apparaître sous différentes formes. Tout d’abord, nous retrouvons des armoiries, témoins du passé, dans beaucoup de bâtiments historiques (églises, tombeaux, châteaux, etc.). Les villes possèdent également leur blason.
L’étude des blasons peut parfois apporter une aide précieuse aux généalogistes en situant un personnage au sein de sa famille. Elle peut permettre de distinguer deux familles homonymes, c'est-à-dire qui portent le même nom. Elle permet aux historiens de l’art et aux archéologues de dater des objets ou des monuments sur lesquels ont été apposées des armoiries et ainsi d’en retrouver les premiers propriétaires ou d’identifier le nom de l’artiste.
Mais les blasons ne sont pas que des objets du passé. Ils ont évolué et aujourd’hui, certains objets dérivent directement de leur fonction signalétique. Les drapeaux : ils sont l’emblème d’un pays. Issus de la tradition du blason, ils en reprennent les codes et conservent sa symbolique. Les drapeaux doivent êtres visibles et reconnaissables de loin. C’est donc, là aussi, pour des raisons de reconnaissance que la règle de l’alternance des couleurs de l’héraldique est reprise. Par exemple dans le drapeau de la France, le bleu et le rouge sont séparés par le blanc (azur et gueules sont séparés par l’argent).
Les logos peuvent être considérés comme les héritiers des blasons. Ils jouent le même rôle et respectent souvent les mêmes règles. Les blasons peuvent être des signes d’appartenance à des groupes collectifs (équipes de football, de rugby) ou des groupes scolaires (écoles britanniques identifiables grâce à leur écusson porté sur les uniformes des élèves). Les logos reprennent les mêmes fondements que les blasons, le but étant d’être reconnaissable. Ils représentent une organisation ou une marque.
Les logos de marques automobiles sont de bons exemples. Pour le logo de la marque Peugeot, qui représente un lion debout une patte levée en attaque et l'autre abaissée en défense (en héraldique, on dit qu’il est rampant), la famille s’est inspirée des armoiries de la Franche-Comté où est située la première usine.
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